Rizha

Rizha est un Rara Avis, un oiseau rare de la musique espagnole. Précoce et autodidacte, elle est rapidement passée de l’intimité de sa chambre au grand bain du mainstream. À seulement vingt-et-un et déjà trois albums derrière elle, Tamara Luz Ronchese Bonetto est aujourd’hui l’icône d’une génération de jeunes qui vit sa musique, avec le flot de sentiments angoissés qu’elle leur transmet, comme un talisman d’invincibilité.

Compositrice, productrice, actrice et bien entendu musicienne, Rizha produit une pop synthé lo-fi du futur à destination d’un présent mutant, et crée la bande-son originale qui exprime l’angoisse la post-adolescence d’aujourd’hui. Quand les plus grandes stations de radio du pays s’unissent – au-delà de points de vue stylistiques généralement éloignés –  pour louer son talent, l’avenir s’annonce clairement prometteur. 

La présence de Rizha dans la deuxième saison de la série télévisée « Skam » a renforcé son emprise tentaculaire sur la jeunesse. Pour les critiques, dont beaucoup semblent par contraste appartenir à l’ancien monde, sa musique est une gifle, un coup porté au statu quo, un accueil brutal des nouvelles tendances. La jeunesse la consomme avec frénésie, et il sera temps d’y rechercher des significations et des explications quand la poussière sera retombée.

Mais peut d’ores et déjà avoir quelques certitudes, comme celle que cette pop sombre et intimiste, gorgée de synthés et d’expériences électroniques, est particulièrement addictive, aussi captivante, angoissante et dangereuse qu’une errance dans les couloirs du cargo interstellaire Nostromo dans le film Alien.

On n’est jeune qu’une fois et Rizha, bien consciente de cela, veut marquer de son empreinte les générations futures. Son succès aux alures d’apocalypse n’en est que plus écrasant.