Seba Kaapstad

Dans un groupe à cheval entre Afrique et Europe, il était peut-être inévitable que la rencontre interculturelle prenne un tour assez extraordinaire. Ce projet a vu le jour à l’université du Cap, autour de Seba Schuster, membre fondateur et alors étudiant allemand en échange, et des chanteuses Zoe Modiga et Ndumiso Manana, avant d’intégrer comme quatrième membre Phillip Schiebel, dont le studio de Stuttgart est devenu leur port d’attache pour l’enregistrement des albums Thina et Konke, l’album phare de 2020.

Avec ses percussions et ses sons vocaux africains combinés à des harmonies européennes et jazzy ainsi qu’à des éléments hip-hop et électro, la musique de Seba Kaapstad intègre une multitude d’influences mondiales. Pourtant, au-delà de ce style pan-continental, ce sont bien les récits du groupe et les idées qu’ils portent qui se distinguent. Leurs textes multilingues s’articulent autour de thèmes optimistes qui vantent l’unité ; le titre de leur deuxième album se traduit par exemple par « Nous ». Leur deuxième disque, Konke, sorti en 2020, est un album soul plus passionné et optimiste qui, lui aussi, évoque la nature interculturelle de la collaboration dont il est issu, tout en intégrant des thèmes plus profonds centrés sur le moi, et qui ont conduit à des comparaisons directes avec des groupes comme SAULT, ce qui est tout sauf une mauvaise chose.

La sortie de Konke – leur album le plus récent à ce jour – a représenté un tournant pour le groupe. Avec les chanteuses américaines Oddisee et Georgia Anne Muldrow, il a été mis à l’honneur sur Bandcamp Daily et dans l’émission radio de Gilles Peterson sur Worldwide FM. Ses grooves mélodiques et multi-instruments, ses rythmes et ses clins d’œil à l’ère classique du jazz lui confèrent une écoute sublime et salutaire, adaptée à notre époque moderne. Ludique, imaginatif, mais également fort et puissant, il illustre tout ce qui fait la grandeur de Seba Kaapstad tout en restant un moment musical engagé et profondément introspectif.