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Comment l'incertitude mène à la solidarité en Roumanie.

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Comment l'incertitude mène à la solidarité en Roumanie.

Le 1er décembre, jour de la fête nationale roumaine, aurait en temps normal coïncidé avec l’ouverture des festivals de Noël, où nous nous serions retrouvés pour boire du vin chaud en regardant nos groupes préférés sur une scène installée au milieu de la place de l’Université. Cette année pourtant, c’est en direct de notre cuisine que nous rédigeons ce papier, en feuilletant des recettes de vin chaud sur fond de musique jouée non pas sur la place de l’Université, mais dans la pièce d’à côté.

Et pourtant dans ce moment où les défis de danses TikTok rivalisent avec les heures honteusement passées devant « Emily in Paris » ou encore, moins honteusement, « Je Jeu de la Dame » entre autres formes d’évasion numérique, la musique roumaine est toujours vivante et dynamique.

Bien que les débuts de la pandémie aient vu tout le monde se mettre sous pression en essayant de trouver des solutions pour ce qui n’était pas forcément immédiatement gérable, avec des conséquences qui ne se sont pas faites attendre (d’où les danses TikTok), il semble que les choses se soient apaisées pour l’industrie de la musique : les événements en ligne s’enchaînent, les festivals ont trouvé leur place et leur format sur diverses plateformes et, bien que toujours à distance, les spectacles en live rivalisent de créativité.

Les artistes mainstream ont resserré les liens qui les unissent à leurs fans, en travaillant avec des artistes visuels locaux grâce à leurs vidéos – comme cette production de Inna X RADAR.Mais cependant, et pour revenir au titre de ce papier, la solidarité a pris la forme d’une collaboration transgénérationnelleentre 4 représentants de genres musicaux opposés – Adi Despot (chanteur de Vița de Vie, un groupe de rock), Killa Fonic (artiste de trap), Adi de la Vâlcea (artiste de manele), et Ovidiu Lipan Țăndărica (le batteur de Roșu și Negru, un groupe de folk-rock datant de la période communiste de la Roumanie) – un coup marketing intrigant réalisé par un service de livraison local et que beaucoup ont trouvé attachant et amusant.

Outre les annonces concernant les vaccins, une autre chose qui nous a autorisés à rêver d’un été en plein air a été l’annonce en gros titres faite par Electric Castle, l’un des plus grands festivals de musique roumains. Leur promesse de voir Gorillaz, Deftones et Twenty One Pilots sur scène en juillet 2021 n’aurait pas pu arriver à un meilleur moment. Mais ce qui a vraiment dominé l’actualité musicale, c’est le programme de financement du gouvernement pour la scène culturelle roumaine, qui a généré beaucoup de buzz.

Cette aide est arrivée bien plus tard que dans d’autres pays, comme la France, la Belgique ou l’Allemagne, où le secteur de la musique a toujours été reconnu comme une pièce essentielle de la vie culturelle, intrinsèquement lié à l’identité culturelle du pays. Cela n’a pas nécessairement été le cas pour la musique roumaine – et ce n’est qu’au cours des 30 dernières années que l’industrie musicale a pu s’épanouir sans revers majeur. Heureusement, cette porte vient de s’ouvrir et elle pourrait très bien déboucher sur de nombreuses autres discussions à l’avenir.

 

Control Club In Bucharest

Il est encourageant de voir que l’incertitude ne peut pas s’installer totalement, que le fait d’accepter l’inquiétude ou de la percevoir avec familiarité n’est même pas considéré comme une option. Même si la tendance actuelle à céder à la bouderie en raison des restrictions semble plus forte que jamais, l’espoir reste présent – que ce soit sous la forme d’une recette alternative de pain aux bananes, de l’idée d’entendre « On Melancholy Hill » en live dès l’année prochaine ou d’un proche qui vous dit « A bientôt ».

À la prochaine fois !

Eliza Nită