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Un vent de rébellion de Suède

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Un vent de rébellion de Suède

Salutations de Suède, où le raccourcissement des jours et le refroidissement du vent annoncent l’arrivée du long hiver nordique. Avec un coronavirus qui continue à occuper et à préoccuper le monde entier, les gens se réfugient chez eux, incertains de ce que les mois à venir pourraient leur apporter. Pourtant, loin de chercher du réconfort dans une musique plus douce et plus relaxante, c’est le contraire qui semble se produire ici : les gens veulent de l’étincelle, de la vitalité et de la passion. C’est ainsi que le black metal connaît un véritable retour en force dans toute la région, en Norvège tout particulièrement. Une nouvelle génération de groupes y intègre des éléments de prog, de pop des années 80 et même de jazz, insufflant une nouvelle vie au genre et prouvant qu’il conserve sa capacité à être rebelle, imprévisible et glorieusement inaccessible.

Ce terme « rebelle » pourrait également être utilisé pour décrire d’autres genres qui connaissent actuellement un moment de gloire dans toute l’Europe. La cold wave et le post-punk sont ainsi omniprésents: IDLES est numéro un au Royaume-Uni et le groupe biélorusse Molchat Doma, dont les chansons « brûlent de  désespoir et de frustration« , sont devenus la bande sonore des manifestations de la jeunesse et de tous les mécontents de la situation politique du pays. Et ces deux groupes ne sont que la partie émergée de l’iceberg ; beaucoup connaissent un succès similaire et tracent un chemin tout aussi bruyant et viscéral, comme notre nouvelle playlist l’illustre.

 

Bien entendu, le live, la rencontre en chair et en os restent la meilleure façon de découvrir de tels groupes, et devraient tôt ou tard redevenir possibles en Suède. Le gouvernement est sur le point d’assouplir les restrictions sur les rassemblements publics, en augmentant la jauge de 50 à 500 personnes, ce qui donne l’espoir que l’opéra, le cinéma, le théâtre, le sport et les concerts puissent retrouver une situation proche de la normale et générer des revenus bien nécessaires. La décision finale est attendue pour le 15 octobre, et ne viendra jamais assez tôt : cette terrible enquête va ainsi indiqué que jusqu’à un tiers des musiciens suédois envisagent de changer de profession, une réalité qui donne à réfléchir et à laquelle sont confrontés les artistes de tous types, partout dans le monde.

Un événement qui se produira sans le moindre doute en 2021, du moins sous une forme ou une autre, est la tenue du Melodifestivalen en Suède . Vous savez sans doute que les Suédois adorent l’Eurovision, que le pays a remporté six fois, un record qui n’est battu que par l’Irlande, et c’est lors du Melodifestivalen que chaque année son représentant est choisi. Lors de pas moins de six émissions télévisées , diffusées en direct aux heures de grande écoute, 28 artistes sont départagés par un vote du public, donnant lieu à des hectares d’articles de presse et à des heures de débats télévisés discutant des mérites et des faiblesses de chacun d’entre eux. C’est un sujet très important pour les gens ici, et SVT, le diffuseur national, a confirmé de manière  catégorique que la pandémie n’aurait aucune conséquence sur la tenue de cette émission.

riteband

Enfin, pour les musiciens soucieux de gagner de l’argent et de vivre de leur art, une nouvelle start-up basée à Stockholm a peut-être la solution. Linda Portnoff, une entrepreneure suédoise, est sur le point de lancer avant la fin de l’année Riteband, qu’elle présente comme  « le premier marketplace de la musique au monde ». L’idée est simple : créer un marché boursier des chansons, une sorte de NASDAQ ou de CAC40 des mélodies Les fans peuvent ainsi investir dans les chansons qu’ils aiment et qui peuvent alors, en fonction de leurs performances dans les services de streaming, dans leur promotion et leur distribution par leur fanbase, gagner en valeur exactement comme des actions et ainsi rapporter de l’argent.

Les fans et les artistes pourraient bien tous y trouver leur compte et,soyons francs, tout ce qui aide actuellement les musiciens à se maintenir à flots est à saluer. La musique enrichit nos vies, mais les créateurs sont plus que jamais menacés.

Espérons que chacun d’entre eux, comme nous tous, saura passer ce difficile l’hiver pour voir l’aube d’un nouveau printemps.

Derek Robertson