Seine

À propos de

" La version pop et accessible d’un trip-hop mal luné "

Seine, groupe de Zagreb en constante évolution, a connu un parcours aussi varié que captivant. À l’époque du premier album Sno Sna (2017), il s’agissait du projet solo de l’imaginatif Ivan Ščapec. Un honnête disque de folk-punk, pas particulièrement original mais s’écoutant avec plaisir.

Par la suite, sa musique, entièrement chantée en croate, a pris une tournure beaucoup plus singulière. Affichant des influences trip-hop évidentes, une subtilité, un sens de la progression et une allure sous morphine qui n’étaient jusqu’à présent que suggérés, l’album 22 (2019) possède une esthétique radicalement différente : il s’agit d’un disque d’humeur changeante, avec ses passages dramatiques ou ses doux moments atmosphériques qui le rapprochent parfois du shoegaze.

En 2022, alors qu’ils se produisent désormais à trois, la musique de Seine semble parfaitement aboutie, avec une esthétique plus austère mais la même ambiance sombre, qui prend le dessus sur leur troisième album Naizust. Ce disque s’ouvre sur « Peripetija », un titre qui emprunte la voix semi-chuchotée de Billie Eilish, mêlée à un sens du drama, dépouillé mais mémorable. Quant à « Automatsko Pisanje » (parties 1 et 2), il laisse leurs influences art-pop s’exprimer pleinement, avec des percussions fragiles et des voix délicates qui vous transportent.

Naizust semble destiné à surprendre, et fait partie de ces disques dont les qualités live ont l’air de briller même hors scène : on comprend immédiatement comment l’association de douceur et de dissonance, avec des synthés délicats et des revirements soudains, peut prendre de l’ampleur en concert. De quoi propulser Seine dans le genre de crescendos qui remplissent les sous-sols et font chavirer les esprits, à la fois révolutionnaire et intemporel.