Salutations à tous depuis une Allemagne placée en léger confinement et où, même en ces temps, nous essayons toujours de régler certains des plus grands problèmes de la scène musicale, en particulier celui de la présence des femmes.
Pour ceux qui le suivent, le rapport annuel de l’USC sur l’inclusion donne une vision sombre de la situation actuelle. Non seulement les femmes sont sous-représentées sur scène, à la radio et lors des remises de prix, mais elles sont également absentes des coulisses, où le déséquilibre entre les sexes est encore plus béant. Le rapport 2020 indique que seulement 2,6 % des producteurs de musique sont des femmes, par exemple. Plus encore dans les coulisses et dans le secteur des maisons de disques, seul un tiers des postes de direction sont occupés par des femmes.
À Berlin, une organisation en particulier chercher à corriger ces déséquilibres par des programmes, des discours et des événements de renforcement de la communauté. Ainsi le festival DICE, qui a eu lieu du 29 au 31 octobre, à la veille du confinement et qui en est à sa troisième année, s’est attelé à remettre en question les récits hétéronormatifs de notre scène musicale, via des conférences percutantes sur le changement radical, l’intersectionnalité et quelques performances assez délirantes.
Avec un programme partagé entre événements numériques, conférences et performances en personne, le festival a posé les questions suivantes : « quelles communautés sont désavantagées de manière disproportionnée par la crise », et « comment s’assurer qu’il existe des espaces musicaux où revenir » Et si l’Allemagne, et Berlin en particulier, sont de longue date fières de leur ouverture et d’une scène diversifiée, cette place de « bonne élève » ne doit rien à la chance et est le fruit d’un vrai travail de l’ombre.

Le festival Pathwaves est entré dans sa deuxième année pendant la première semaine de notre mini-confinement. Organisé dans les studios de musique Red Bull à Berlin, et diffusé en ligne à ses participants, cet événement a servi de camp de production pour les femmes et les minorités sexuelles, afin d’aider au renforcement des compétences et afin de favoriser la communauté. En réunissant les grands noms de la scène musicale, Pathwaves a voulu donner tous les outils nécessaires à ceux qui en ont besoin et contribuer à augmenter le nombre de productrices au sein de l’industrie, au-delà des tristes 2,6 % actuels.
Ces initiatives ne sont pas isolées. Les rencontres de GRRRL-NOISY, un événement fondé au début de l’année, ont également pour but d’aider les femmes de l’industrie du spectacle à se connecter et à se soutenir mutuellement. Leur objectif : que les descriptions de groupe ne soient pas systématiquement suivies du qualificatif « de filles », et que la présence féminine sur la scène rock se normalise. L’organisation du GRRRL-NOISY a été si bruyante qu’elle a été immédiatement remarquée par l’équipe du Festival Reeperbahn, qui a projeté son documentaire lors de l’événement de cette année.

Bien sûr, ces derniers n’ont rien de cas particuliers au sein de la communauté musicale allemande. D’autres projets, tels que musicBwomen, Frauenmusikclub Köln, female:pressure, la collection internationale shesaid.so – et bien d’autres – sont l’aboutissement d’un dur travail visant à aider à résoudre les problèmes de genre au sein de l’industrie musicale allemande. Nous ne pouvons qu’espérer qu’après un tel travail mené en cette période de crise, lorsque le live recommencera à fleurir, tous ces efforts porteront leurs fruits. Primavera Sound, par exemple, a ouvert la voie avec une programmation totalement paritaire, ce que les grands festivals allemands n’ont pas encore réussi à accomplir. Après cette longue période de solitude et de profonde introspection, allons-nous assister à un changement radical en 2021 ?
Nous l’espérons. D’ici là, essayons de tirer le meilleur parti de ce qui aura été une année 2020 difficile.