Jimi Somewhere

Les petites villes où l’on s’ennuie à mourir peuvent être une puissante source d’inspiration ; et même Bruce Springsteen parvient à la puiser dans ses souvenirs d’une enfance passée à Freehold, dans le New Jersey. Celle de Jimi Somewhere, de son vrai nom Benjamin Schandy, qui a grandi dans le décor propret de la ville-carte postale d’Hokksund, à une heure à l’ouest d’Oslo, lui a donné des envies d’évasion, dans son imagination pour commencer. La guitare, le skateboard, les errances en forêt, la pop punk de Green Day et Blink 182, le rap, les films de Spike Jonze, Sofia Coppola et Wes Anderson… « j’ai réuni tout ça et je l’ai combiné pour en faire… moi » expliquait-il à VICE l’an dernier.

Mais c’est l’album fondateur de Kevin Abstract, MTV1987, qui sera le réel déclencheur musical pour Jimi. Aux côtés de son ami d’enfance Milo Orchis, il commença alors à ébaucher ses premières productions, des textes qui évoquent la difficulté à grandir et à trouver sa place dans le monde, posés sur une électro vive, des paysages sonores luxuriants et des collages musicaux kaléidoscopiques.  Sa musique emprunte à l’emo, à la pop punk et au hip-hop, avec des touches de chillwave et de bedroom pop. Et ce qu’il atteint relève plus du sentiment que d’un son définitif : une évocation de ces moments de la vie où l’on se sent de plus en plus contraint à devenir un adulte, et où on n’en a aucune envie.

Au final, la musique de Jimi apparaît comme un résumé de la culture hypermoderne de la génération Z, celle d’un gamin qui a grandi en écoutant des artistes qui ont grandi en écoutant tout ce qui passait sur internet. Une musique émotionnelle, révérencielle, la musique de quelqu’un qui a su créer son propre monde dans lequel s’échapper, et ne cessera jamais de s’émerveiller des aventures que la musique lui offre.