Perera Elsewhere

À propos de

" De mystiques paysages électroniques questionnant l’idée d’appartenance "

Le dernier disque de Perera Elsewhere, Home, ne peut qu’avoir un fort écho auprès de la communauté berlinoise, vaste, cosmopolite et internationale, dans la mesure où il interroge les thèmes de l’appartenance et de l’identité, des questions qui se posent à la plupart de celles et ceux dont la vie a été marquée par un changement de pays. Et sont loin d’être étrangers à celle qui s’est installée à Berlin il y a plus de deux décennies, s’est façonnée au moule du Zeitgeist (« l’air du temps » à l’allemande) et profondément enracinée dans la scène underground locale. 

D’un point de vue esthétique, le son de Perera Elsewhere, Sasha Perera de son vrai nom, est absolument unique. Cette artiste et productrice plusieurs fois récompensée a fait du futurisme son terrain de jeu, tout en s’amusant avec sa propre nostalgie, créant une musique électronique mélancolique entrelacée d’airs enjoués et de vastes mélodies. Originaire de Londres, Perera fait des vagues sur la scène berlinoise depuis déjà plus de vingt ans, à la tête du séditieux trio de bass music Jahcoozi, et en tant que DJ, jouant un rôle essentiel dans l’intégration du dubstep et de la grime à la riche vie nocturne locale.

Ce n’est qu’en 2013 qu’elle se décide à sortir son premier disque, Everlast, sous l’égide du label californien Friends Of Friends. Dans une humeur bien plus introspective que les méandres chargés en basses de Jahcoozi, les sons doom-folk et lo-fi d’Everlast étaient à la fois mélancoliques et musicalement progressistes, offrant à la Berlinoise d’adoption une puissante plateforme pour se livrer pleinement à sa musique.

Maintenant que son troisième album, Home, est sorti, le travail de Perera est largement reconnu au sein de la communauté musicale, comme en témoignent le prix de la meilleure interprète récemment reçu à l’occasion des VUT Indie Awards ou encore les demandes qu’elle reçoit désormais en tant que productrice – la star culte allemande Nina Hagen a ainsi fait appel à ses services. Au-delà de ce succès, Home reste avant tout un bijou acéré de production et de style, dont les compositions imperméables face à l’idée même de genre interdisent toute comparaison. Ce néo-folk aux accents sombres et lancinants dévoile une artiste en communion avec son propre son, capable de bâtir des récits sur la force des tonalités et du langage. Après toutes ces années passées à Berlin, il semblerait que Perera s’y sente enfin complètement chez elle : elle y a trouvé son propre style.